Un accès restreint des femmes à la propriété foncière
Le Sénégal abrite à Dakar du 11 au 17 mai 2015 la 7ème édition du forum foncier mondial organisé tous les deux ans par l’ILC (International Land Coalition : coalition internationale pour l’accès à la terre). Le thème de cette année est « Gouvernance foncière pour un développement juste et durable ». A cette occasion, le sujet de l’accès des femmes à la propriété foncière a été discuté. Il en ressort que la femme, notamment pour des questions culturelles, a un accès très restreint à la terre malgré son rôle important dans sa valorisation.
Publié le 15 mai 2015La terre est considérée comme une affaire d’hommes alors que les femmes sont le pilier de l’agriculture en Afrique et l’ossature de la production alimentaire. C’est le constat qu’a fait Soyata Maïga, le rapporteur spécial sur les droits de la femme en Afrique à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples lors du forum foncier mondial.
« En général, les femmes africaines sont analphabètes et pauvres. A cause de ces deux facteurs, on considère souvent qu’elles n’ont pas la capacité de posséder des terres et de les faire fructifier », a-t-elle regretté.
« Les femmes accèdent à moins de 2% des terres du continent et ont de faibles revenus, car elles ne reçoivent que 1% des crédits accordés à l’agriculture. Ce qui explique l’absence de techniques agricoles modernes pour elles », a-t-elle expliqué avant d’ajouter qu' »elles sont parfois spoliées car dépourvues de droits de succession à cause des mariages précoces qui leur retire la capacité de participer au développement agricole ».
Pour sa part, le commissaire de la réforme agraire au Sénégal, Moustapha Sourang, a souligné que « la constitution sénégalaise parle d’accès égal à la terre mais la réalité est toute autre sur le terrain. Dans beaucoup de contrées ce sont des femmes qui mettent en valeur les terres mais ne sont pas propriétaires ».
« Il faut des politiques qui encouragent l’accès des femmes à la terre, d’autant plus que démographiquement parlant, elles sont légèrement plus nombreuses que les hommes au Sénégal », a-t-il proposé.
De son côté, la parlementaire ougandaise, Jacquilin Amongin, a souligné que « la loi ne fait pas de discrimination mais qu’il y avait un problème sociologique du fait du poids social ».
Parlant de son pays, elle a estimé qu »il y avait un travail de sensibilisation auprès des chefs traditionnels pour adoucir les coutumes qui limitent les droits fonciers de la femme ».
Pour Kafui Kuwonu, la chargée de programmes au réseau Femmes, droits et développement en Afrique, « l’ignorance des droits par les populations perpétuent aussi le déni de droit de propriété, d’accès et de contrôle des terres à la femme ».
« L’absence de reconnaissance et d’exercice des droits de la femme entrave le développement. Il est important de faire valoir leurs droits pour un développement durable », a-t-elle conclu.
Source : French.news.cn