Taxer ou exonérer ? La filière laitière sénégalaise face aux politiques fiscales et douanières
Note politique Isra-Gret. Fiche rédigée par Guillaume Duteurtre et Abdoulaye Diarra (Isra-Bame/Cirad) avec la collaboration
de Papa Nouhine Dieye et Djiby Dia (Isra-Bame), Cécile Broutin (Gret) et Minielle Tall.
Depuis 2000, l’ouverture des frontières aux importations alimentaires s’est accentuée en Afrique de l’Ouest. La mise en place du tarif extérieur commun (TEC) dans le cadre des nouvelles politiques commerciales et fiscales de l’UEMOA a conduit à l’abaissement des barrières tarifaires. Pour les produits laitiers, les niveaux de taxation de porte sont depuis 7 ans de l’ordre de 5%. Cette ouverture des frontières devrait s’accélérer avec la signature
des Accords de partenariats économiques (APE) entre l’Union Européenne et les pays ACP qui prévoient la suppression des tarifs douaniers dés 2008 pour au moins 80% des produits.
Les négociations internationales et les campagnes des ONG ont pointé du doigt les dangers d’une libéralisation trop rapide des secteurs laitiers africains soumis à la concurrence des industries laitières les plus développées. Selon ces ONG, cette concurrence a un coût important. Pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, en 20 ans, le déficit commercial en ce qui concerne les produits laitiers s’est encore accru : il est passé de 250 à 450 millions de US$. Ces dépenses pèsent lourd dans les balances commerciales des Etats. Mais le coût des importations à bas prix ne s’arrête pas là. Celles-ci pèsent également très fortement sur la baisse des prix des produits sur les marchés domestiques, concurrençant ainsi les productions nationales. Les prix des produits agricoles constituent en effet l’incitation à l’investissement la plus importante. Ces importations à bas prix sont donc interprétées comme un frein de plus au développement des filières agricoles et plus largement de l’ensemble de l’économie nationale.
Pourtant, les importations à bas prix de biens de consommation alimentaires comme le lait permettent aux populations urbaines d’accéder à une nourriture bon marché. L’ouverture des frontières génère donc des gains économiques pour les consommateurs. C’est gains sont d’autant plus importants que la demande en produits laitiers connait une croissance marquée, liée à l’accroissement démographique et à l’évolution des modes de
consommation. D’un point de vue global, la consommation de lait et de produits laitiers dans le monde devrait augmenter de 3.8 à 4 % par an entre 1999 et 2020, en particulier dans les pays du Sud.
Les politiques laitières sont ainsi au cœur des arbitrages entre protectionnisme et ouverture des marchés. Elles doivent trouver le juste équilibre entre la promotion de la production locale et le soutien à la consommation.
Cette note présente quelques résultats de recherche qui permettent de dégager des pistes politiques, entre tentatives d’exonération et volonté de protection.