Qui va reprendre Suneor?
La première entreprise agroalimentaire du Sénégal se retrouve à nouveau sous le feu des projecteurs. Les nombreuses difficultés qu’elle rencontre ont eu cette fois-ci raison d’Advens, l’actionnaire majoritaire de la Suneor. La question qui se pose dorénavant est de savoir qui va reprendre Suneor?
Il y a 10 ans, la SONACOS (Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal) avait été privatisée au profil du groupe Advens dirigé par l’homme d’affaires Abbas Jaber. Sonacos devient alors Suneor (contaction de « sunu » et « or » qui signifie « notre or »). Mais, face à l’incapacité du groupe à relancer l’outil de production, en octobre 2015 l’Etat du Sénégal et Advens décident de se séparer à l’amiable.
Lors d’un interview, le président de la république, Mr Macky Sall, a déclaré que le gouvernement ne reprendra pas l’huilerie mais, assurera l’intérim en attendant de trouver un nouveau repreneur. Il a confié ne pas vouloir se précipiter. Il faut dire que l’activité fait vivre 4 millions de paysans et que chaque l’Etat est obligé de mettre des milliards pour appuyer la campagne de commercialisation de l’arachide.
La recherche est donc lancée. Reste à savoir si l’affaire semble suffisamment juteuse pour attirer les investisseurs. La presse sénégalaise quant à elle va bon train pour identifier des repreneurs potentiels.
Avril
Avril est actif dans la filière arachide depuis 2012 grâce à Copéol le numéro deux de l’arachide au Sénégal. Le groupe français apparaît comme le favori, à condition qu’il évite de s’associer, comme au cours de la privatisation précédente, à des partenaires peu crédibles, qu’il ne tienne pas à l’écart les autorités politiques et ne reprenne pas les sites en partie seulement, comme lors du protocole d’accord signé avec Advens en février (rejeté depuis par l’Etat). Abbas Jaber, l’ex dirigeant, soutient la candidature d’Avril qui selon lui est le seul candidat actuel capable de structurer réellement la filière; sans compter qu’il connait déjà le métier et le marché.
Sifca
Le groupe agro-industriel ivoirien avait déjà en 2010 fait une offre sur Suneor après avoir longuement étudié le dossier. Mais le groupe ne s’était pas entendu avec Advens sur la répartition du capital. Pour le leader africain de l’huile de palme se diversifier dans une autre huile reste fondamental. Mais les difficultés qu’il connait dans ses deux principaux métiers le freinent. Le négociant singapourien Olam, déjà partenaire pourrait soutenir la candidature de Sifca.
Cevital
Difficile de mesurer l’implication de ce candidat. Contacté par Jeune Afrique, en juillet, l’Algérien Issad Rebrab, son PDG, confirmait son intérêt pour les actifs de la Suneor. Sa candidature semble sérieuse, du moins pour le raffinage. Le premier groupe privé algérien, spécialisé dans la transformation de huile de soja, pourrait être attiré par les terrains Suneor situés dans le port de Dakar. En effet il compte se développer dans la logistique, une étape clé de son approvisionnement en matières premières.
Un prétendant chinois ?
La Chine est le premier consommateur de l’arachide du Sénégal. Les observateurs s’attendent donc à ce que des candidats potentiels se déclarent du groupe Luhua à Cofco, en passant par Wilmar ( lui aussi actionnaire de Sifca)…
CNCR
Notons aussi le CNCR (Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux) qui affiche un intérêt à la direction de l’entreprise en sa qualité d’interlocuteur privilégié des ruraux. Ibrahima Sène, le chargé des affaires économiques du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) déclare dans une note intitulée « Appel pour une alliance stratégique ouvrière-paysanne de sauvetage de la filière arachidière » que « l’alliance des organisations paysannes du sous secteur arachidier, et celles des syndicats du sous-secteur de l’huilerie, est devenue un impératif catégorique pour sauver la filière arachidière, l’emploi et, dans ce domaine, restituer au peuple sa pleine souveraineté »
Sources :