Le maraichage, outil contre l’exode rural

Depuis un peu plus d’un an, les femmes de Sambé (Diourbel) ont à leur disposition un périmètre de terres agricoles sur lequel elles participent ?en groupe et de manière solidaire? à la culture d’aubergines, tomates, oignons, haricots, pastèques… Chaque femme bénéficie en contre partie d’un retour en nature proportionnel à la quantité de bouches qu’elle a à nourrir. Ces activités de maraîchages participent à l’autonomie et à la sécurité alimentaires de ces familles. La plus grande partie des revenus issus de la vente des produits est redistribuée équitablement aux femmes. Le reste alimente la caisse commune.

Publié le 13 mai 2015

Ce matin-là, elles sont 5 à y travailler. Awassar, Daba et Samb sont pliées en deux, Khadige et Khalisse manipulent avec aisance la binette avec ce même objectif : arracher les mauvaises herbes du périmètre qu’elles cultivent ensemble et qui s’attachent par ailleurs aux tuyaux d’irrigation dont elles bénéficient. « Ce système est alimenté par un château d’eau qui fonctionne à l’énergie solaire. Voila une façon de gérer de la façon la plus durable et raisonnable possible les ressources disponibles, que sont l’eau si précieuse dans la région et le soleil qui lui ne manque pas », commente Sandra Lambillotte, membre de l’ONG belge Défi Belgique Afrique qui appuie le partenaire sénégalais ASRADEC (Association sénégalaise de Recherche et d’Appui au Développement Communautaire), association gérant le périmètre.

Davantage encore que l’impact positif de ces cultures maraîchères en termes de revenus ou d’accès à une alimentation de qualité – et globalement bio, un défi dans une région dans laquelle le recours aux engrais chimiques et aux pesticides demeure assez répandu – la mise en place du périmètre constitue une petite révolution en soi. Si les femmes passent l’hivernage dans les grandes exploitations de mil, sorgho et arachides – que dirigent les hommes – elles sont peu habituées à l’agriculture propre à la saison sèche et qui dure pourtant 9 mois de l’année. En réalité, les cultures maraîchères gardent ces femmes chez elles et sont de ce fait un instrument de lutte contre l’exode rural. ? Elles avaient tendance à s’en aller vers Dakar pour y trouver du travail, explique encore Astou. Désormais, elles restent, créent de la richesse, sont présentes auprès de leurs enfants et garantissent leur accès à l’alimentation.? ? La gent masculine voit cette activité de manière positive?, confirme par ailleurs le secrétaire du périmètre des hommes. Malgré l’enthousiasme, Sadio tempère : ? Les femmes ont des responsabilités accrues dans les cultures maraîchères. Mais celles-ci sont de petites ampleur et ne génèrent qu’un petit revenu. Les hommes gardent la main-mise sur les grandes exploitations d’hivernage. C’est quelque peu stratégique?, glisse le représentant d’ASRADEC.

Le groupement de femmes n’est pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. Elles souhaitent étendre leur périmètre de culture et bénéficier d’un approvisionnement autonome en eau, ce qui devrait être rendu possible par un nouveau financement de WBI (Wallonie Bruxelles International), lequel servira à résoudre le problème de l’eau mais aussi à étendre le périmètre, à former les femmes et à développer le stockage, la transformation et la commercialisation de leur production. Pour l’heure, un hangar permettra bientôt à tous les membres de stocker la marchandise et d’ainsi l’écouler de manière plus appropriée.

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