Les filières

La filière fruits et légumes

Présentation de la filière

Fruits et légumes

Le Sénégal dispose d’atouts climatiques certains. La douceur du climat sur la bande côtière permet un plus grand étalement de la production dans le temps (de novembre à juin) comparativement aux autres pays du Sahel. De plus le pays bénéficie d’une bonne infrastructure portuaire à Dakar, le port d’Afrique de l’Ouest le plus proche d’Europe qui permet d’envisager le développement des exportations (fruits et légumes pendant l’hivers en Europe). Ces atouts majeurs ont conduit le gouvernement sénégalais à mettre en place une politique de développement spécifique de la filière horticole, qui se traduit par la création d’une Direction de l’horticulture au sein du ministère de l’agriculture.

La production de fruits et légumes

Les structures d’exploitation horticoles sont caractérisées par la prédominance des vergers et jardins de case et des exploitations privées. Les volumes de production, en forte croissance depuis 15 ans, sont estimés à plus de 600 000 tonnes. De 2000 à 2010, les exportations horticoles sont passées de moins de 1 000 tonnes à 35 000 tonnes. Elles sont estimées à 85 000 tonnes en 2014.

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La production maraichère

Le Sénégal produit des légumes de type européen/régions tempérées (chou, laitue, tomate, aubergine, haricot, melon, carottes, navet, pomme de terre, oignon, etc.) et de type africain/régions chaudes (oseille de Guinée, gombo, aubergine amère, la patate douce, manioc etc.). L’étalement réussi de la production dans l’espace et dans le temps fait de la sous filière maraîchère une des composantes les plus porteuses et les plus dynamiques du secteur horticole.

La production horticole est concentrée principalement dans la bande littorale des Niayes et dans la vallée du fleuve Sénégal. La zone des Niayes (de Dakar à Saint-Louis) qui, est créditée de plus de 60 % des récoltes fournit oignons, pommes de terre, carottes, chou vert, tomates ceri- ses et de table, aubergines, laitue, piment alors que la vallée du fleuve avec ses immenses potentialités est spécialisée dans la production de tomates industrielles, d’oignons et de patates douces.

La production a aujourd’hui tendance à se diversifier géographiquement, en élargissant son bassin d’exploitation aux régions du bassin arachidier où on a assisté à une baisse de la surface consacrée à la culture arachidière et une diversification de la production notamment vers des spéculations horticoles notamment pendant l’hivernage (pastèques et diakhatou, mais aussi des oignons de la vallée du Koupango). A noter également dans la région de Kolda la zone de Pata plus spécialisée particulièrement dans la production de piment.

Les légumes d’exportation sont généralement produits dans l’axe Dakar-Saint Louis du fait de la douceur du climat et de la proximité des infrastructures aéroportuaires.

L’essentiel des productions légumières provient des exploitations familiales, notamment en ce qui concerne les zones des Niayes (centre et nord), le bassin arachidier et la région naturelle de la Casamance. Il s’agit de petites exploitations où l’irrigation représente la principale occupation de la main d’œuvre et dans lesquelles le producteur est souvent confronté aux difficultés de financement de la production et de la qualité des intrants.

Ce système évolue dans les parcelles des périmètres villageois du long de la vallée et dans les exploitations des exportateurs du sud des Niayes, du lac Guiers et du Delta du fleuve Sénégal

La production fruitière

L’essentiel de la production fruitière du Sénégal provient de la région de la Casamance et de la région Thiès. Les principales zones productrices de fruits sont :

  • les régions de Ziguinchor et Kolda : cette zone est caractérisée par une importante production de bananes (périmètres communs avec plusieurs exploitants autour d’une unique source d’eau), d’agrumes, de mangues, d’oranges, de mandarines, de papayes, de citrons, de goyaves,
  • la région de Thiès et Dakar : c’est la seconde zone de production de fruits, avec environ 10 à 15 % de la production nationale. Elle est surtout spécialisée dans les productions d’agrumes et mangues. Il peut s’agit de production autour des cases ou périmètres fruitiers en association avec d’autres espèces ou seul, en culture extensive ou intensive (périmètres de la zone des Niayes Sud où ils peuvent occuper des dizaines d’hectares).
  • l’Est du Sénégal (région de Tambacounda), la production fruitière de cette zone se résume à la culture du bananier au sein de certains périmètres fruitiers.

L’offre en fruits est constituée d’espèces de zone tempérée (agrumes) et surtout de fruits dits tropicaux : mangue, banane, ananas, papaye, etc. Les fruits sont essentiellement destinés au marché local, mais occupent de plus en plus la place dans les exportations avec un créneau de production très favorable pour la mangue (mai-juillet).rubon12

Les importations de fruits concernent les agrumes, pommes, poires, etc. de l’Europe, de l’Afrique du Sud et du Maroc et les fruits tropicaux tels les ananas, les noix de coco, les mangues, les bananes de Guinée et de Côte d’Ivoire.

Les produits de cueillette occupent également une place de choix dans le commerce et la consommation des produits classés dans « fruits et légumes ». Ces produits de la cueillette très variés, sont récoltés généralement dans les forêts casamançaises et du Sénégal oriental (même si certaines espèces sont présentes un peu partout sur le territoire national): tamarin, pain de singe (fruits du baobab), madd, jujube, ditakh, etc.

La transformation des fruits et légumes

La transformation des légumes, à l’exception de la tomate par la SOCAS (fabrication de concentré de tomate), reste très faible au niveau industriel comme artisanal (production de tomate séchée, d’oignon séché, de gombo séché ou de piment séché et en poudre). Certaines unités de transformation mettent sur le marché de la macédoine de légumes. Mais le marché des légumes reste fortement dominé par la demande de produits frais.

La transformation des fruits est par contre relativement importante (bissap, mangue, ananas, orange, gingembre, tamarin et pain de singe). Les pertes post récolte constatées en fruits ont en effet poussé des ONG, projets et institutions internationales à appuyer les activités de transformation.

La gamme de produits transformés est large avec, entre autres, des boissons traditionnelles et des produits nouveaux tels que les sirops, les confitures, les jus en sachets et les fruits séchés (mangues, bissap, gingembre, goyave, papaye,…). Ces nouveaux produits locaux conditionnés en sachets, bocaux, bouteilles, sont produits par des unités de transformation (industrielle et artisanales) de création récente (moins de dix ans).

De nombreuses micro et petites entreprises artisanales.

Il existe de très nombreuses micro-entreprises artisanales (activités individuelles) de fabrication des boissons traditionnelles vendues dans des sachets noués et en bouteille de récupération pour les cérémonies, les marchés ou les arrêts de cars de transports en commun. Menée par des femmes aux revenus très faibles, l’activité constitue un complément aux ressources familiales ou un moyen pour les jeunes filles d’acquérir une autonomie financière.

Des petites entreprises (dont une partie communautaires) ont vu le jour depuis une quinzaine d’années et se sont développées. Il s’agit de structures formelles mais de niveau très disparate. Les groupements de femmes sont encore présents mais avec une production plus organisée et des équipements plus adéquats que les précédents.

Il en est de même des GIE souvent d’obédience familiale qui font du volet transformation des fruits et légumes une branche de leurs activités. Le souci de s’inscrire dans le respect des normes d’hygiène et de commerce est bien visible avec les informations sur les étiquettes. Ici l’esprit d’entreprise est plus développé et les formations reçues sont mieux valorisées. C’est ainsi que certaines de ces entreprises développent des marques avec des options commerciales très remarquables : promotion locale et recherche de débouchés extérieurs.

On peut citer à titre d’exemple le GIE Takku Liggeey dans la zone de Mboro. Contrairement à une quinzaine d’autres petits groupements de la zone, cette entreprise possède un local, de petits équipements (marmites, soudeuses, refractomètres) et travaille en équipe de 5 femmes. Les produits fabriqués sont les sirops (tamarin, bissap, gingembre), les confitures (mangue et papaye), les marmelades (patate douce et ditakh) les concentrés (tomate et piment), les jus (tamarin, bissap, gingembre et bouye) et les conserves de légumes. Les matières premières sont achetées à Mboro, Thiaroye et au marché « Sandica » de Pikine (Dakar). Les emballages utilisés sont les bocaux en verre et les bouteilles et sachets en plastique. Les règles d’hygiène sont assez bien maîtrisées. Les difficultés évoquées par les productrices sont l’étroitesse du marché avec la pléthore de transformatrices dans la zone et l’absence de débouchés ailleurs, les achats d’emballage et le financement de l’activité.

Free Work Service Free Work Service (marque Kumba) à Dakar est une entreprise individuelle de transformation de produits agricoles dont les céréales et les fruits qui emploie plus de 30 permanents et des journaliers. Sa capacité de production est de 18 000 litres par mois et de 3 000 à 4 000 sachets de 25 cl par jour en jus naturel. Le bissap est acheté sous contrat, alors que le gingembre venant du Mali et les autres fruits sont achetés au niveau des commerçants ambulants. Les différentes opérations sont réalisées manuellement sauf pour le conditionnement (conditionneuse d’une capacité 1 200 sachets/h). La distribution est essentiellement assurée par la boutique au centre ville de Dakar où sont également exposés et vendus des produits d’autres fabricants (groupements).

L’entreprise Maria Distribution, également située à Dakar, est un GIE de douze membres qui transforment des fruits et légumes locaux. Produits de l’entreprise Shivet fruitsLa présidente du GIE assure également des formations sur les techniques de production de jus, sirops et confitures et de préparation de mets traditionnels et modernes. Avec une capacité de production de 100 à 220 litres de jus, l’entreprise reçoit des commandes des ménages pour les cérémonies familiales (baptêmes et mariages) et des hôtels. L’entreprise vend également ses produits dans les boutiques de quartier, les boutiques de station-service, les restaurants, etc. Il a bénéficié d’un contrat avec la chaîne Leader Price (3 500 à 4000 l de jus par an, 3 500 l de sirop et 1 000 à 1 500 kg de confiture par mois). Pour les approvisionnements en matières premières, le GIE a établi un contrat avec des groupements de la région de Tambacounda sous l’égide du projet Wula Nafa.

Sirops et confitures Saf naLes autres entreprises de cette catégorie sont les GIE AFBAR, SAFNA de Grand Yoff (Dakar) et de Kaolack, Shivet Fruit de Mbour, Néma Kadior etc. Pratiquement toutes ces petites entreprises sont membres de Transfruleg (transformateurs de fruits et légumes), une association nationale chargée de la promotion, de la représentation et de la défense des transformatrices.

Près de 200 micro et petites entreprises se sont regroupées au sein de l’association Transfruleg (transformateurs de fruits et légumes) et de la FP2A (Fédération des professionnels de l’agroalimentaire)

Un secteur industriel qui valorise peu la production nationale

ZénaLe secteur industriel peut être abordé à travers l’offre industrielle en boissons qui est variée au Sénégal : jus de fruits à base de concentrés et de boissons aromatisées. Globalement le secteur industriel valorise peu les intrants locaux.

Parmi les produits industriels locaux, on trouve les boissons gazeuses (généralement à base d’ingrédients chimiques), les jus de fruits à base de concentrés ou divers intrants importés (Senjus) et dans de rares cas de concentrés fabriqués localement par l’ITA (Kirène), des sirops et confitures de bissap (fleurs), mangue, ananas, orange…(Unisaly, marque Zéna).

La commercialisation

Ainsi pour le marché local, la commercialisation met en jeu beaucoup d’opérateurs, du champ du producteur à l’étal du détaillant. L’essentiel des récoltes est géré par les commerçants ramasseurs, les bana-banas, qui fournissent à leur tour aux dépositaires des marchés, agents commissionnaires, auprès de qui viennent s’approvisionner les revendeurs.

Les ventes sont réalisées au comptant ou à terme, selon la situation du marché (rapport offre sur demande, diversité et possibilité de substitution). Les magasins libre-service ainsi que la plupart des boutiques de quartier et étal sur les trottoirs intègrent ces circuits commerciaux et jouent un rôle non négligeable dans la satisfaction de la clientèle.

Pour les produits d’exportation, des contrats tacites sont établis entre producteurs (exploitation familiales et grands périmètres) et exportateurs. Après les opérations de conditionnement et d’emballage, le produit est expédié par avion ou par bateau à l’importateur européen partenaire pour son écoulement en vente avec commission. Dans la sous région les échanges sont encore informels malgré leur niveau très élevé : en exemple les exportations sur la république islamique de Mauritanie, les transactions au marché de Diaobé où au moins quatre pays sont présents en plus du Sénégal.

Des circuits de distribution courts pour les produits transformés artisanaux

Les produits locaux et artisanaux sont généralement fabriqués soit sur commande (cérémonies familiales) soit pour des ventes de proximité, devant le domicile, aux abords des marchés, dans les stades et autres places publiques par des membres de la famille ou plus rarement des vendeurs payés à la commission. Cette forme de vente des boissons traditionnelles est très répandue à travers tout le pays.

On retrouve ces produits enfouis dans des glacières et conditionnés dans des sachets noués ordinaires de faible épaisseur et de bouteilles de liquide de frein pour automobile dans les loumas (marchés ruraux hebdomadaires) des localités les plus éloignées.

Les femmes restauratrices fabriquent elles-mêmes leurs produits, les boissons sont vendues directement aux clients à table. Cependant en raison de la reconnaissance qu’elles ont pu acquérir dans le milieu, elles sont souvent sollicitées pour réaliser des commandes externes. Ces produits sont donc exclusivement réservés à des circuits bien distincts et limités. Si le niveau prix semble être la principale force de pénétration dans ce marché, les conditions de fabrication et l’absence de moyens de conservation sont des limites pour tout allongement de ces circuits de vente. Pour ces mêmes raisons ces produits ne peuvent également intégrer les circuits des grands produits et le commerce général avec ses différents maillons.

Des circuits plus longs pour les produits industriels et semi industriels

Les produits industriels fabriqués localement ou importés se retrouvent sont commercialisés par les grossistes qui revendent à des épiceries et boutiques de quartier.

Quant aux produits semi industriels, ils retrouvent les produits industriels directement au niveau des rayons des supérettes, du commerce de détail et de la restauration. En effet ces produits intéressent peu les grossistes en du faible volume de production.
Les produits industriels importés comme dans beaucoup d’autres secteurs sont les plus répandus et de présence plus constante dans l’ensemble des circuits de commercialisation. De Dakar, ils sont acheminés dans tous les autres centres urbains du pays et les zones et sites d’implantation des complexes hôteliers et touristiques.

Les contraintes de développement

Au regard des pertes de production (mangue surtout), des potentialités de production, d’exportation de produits typiquement sénégalais (mangue, tamarin, le pain de singe, bissap, mad, tol, etc.) et de substitution aux importations (boissons, confitures), la filière comporte un grand potentiel de développement. Elle est cependant confrontée à plusieurs contraintes :

  • La périssabilité des matières premières, d’où la nécessité d’un traitement rapide au risque d’importantes pertes sur les récoltes qui peuvent jouer sur la qualité et les prix.
  • Leur fragilité, et les risques de détérioration de la qualité lors des manipulations.
  • Leur saisonnalité, avec une alternance de saturation et pénurie de produits : il s’en suit des variations importantes des cours et des difficultés d’approvisionnement à certaines périodes pour les entreprises de transformation.
  • Les aléas climatiques entraînant surproduction ou sous production avec un impact sur le niveau des prix surtout pour les mangues et tomates.
  • L’éloignement des sites de production des centres de consommation : favorise la détérioration de la qualité et renchérit les prix.
  • Le manque d’équipements adaptés à l’échelle de production semi industrielle ainsi que des problèmes d’emballage pour les produits artisanaux.

Quelques liens utiles

Structures et organisations liées au secteur de l'agriculture au Sénégal
Structures et organisations liées au secteur de la transformation agroalimentaire au Sénégal
Structures et organisations actifs dans la fourniture d'équipements agricoles et agroalimentaires
Structures et organisations en charge des normes et règlements
Structures et organisations de commerce et d'appui
Structures et organismes de financement et d'appui au développement des entreprises