Les filières

La filière halieutique

Présentation de la filière
Halieutique

La filière halieutique joue un rôle central dans l’économie du Sénégal, à la fois comme source de revenus, de devises étrangères et de sécurité alimentaire. Cependant, malgré des potentialités significatives, des défis écologiques, économiques et sociaux sont à relever, en particulier dans l’aquaculture et la pêche continentale. La filière doit en effet se moderniser, notamment au niveau des techniques, des équipements et des infrastructures. L’adoption d’une stratégie globale pour exploiter pleinement le potentiel de ce secteur est donc indispensable.

Les principaux acteurs

La filière halieutique repose sur une diversité d’acteurs : les pêcheurs artisanaux, composés majoritairement de Sénégalais ; les mareyeurs, qui sont souvent les gestionnaires ; les transformateurs, qui sont essentiellement des femmes ; et les usiniers, orientés vers l’exportation.

La production halieutique

Selon l’ANSD, en 2020, les débarquements de la pêche maritime ont atteint 490 846 tonnes, représentant une valeur commerciale de 217,927 milliards de FCFA. La pêche artisanale a contribué à 83 % de ces débarquements avec 407 436 tonnes, tandis que la pêche industrielle a produit 83 410 tonnes. La pêche continentale a enregistré une production de 14 001 tonnes, en hausse de 5 % par rapport à 2019, tandis que l’aquaculture a produit 1 100 tonnes en 2020, marquant une augmentation de 9 %.

Types de pèche

La pêche artisanale maritime est l’un des piliers du secteur halieutique au Sénégal. Elle contribue à environ 83 % des débarquements totaux de la pêche maritime. Cette pêche est caractérisée par l’utilisation de pirogues motorisées ou non motorisées et d’équipements relativement simples comme les filets et les lignes.

La pêche Industrielle est réalisée par des bateaux équipés pour des opérations à grande échelle. En 2020, elle a contribué à 83 410 tonnes des débarquements totaux. Ce type de pêche se concentre sur les espèces démersales et pélagiques, souvent destinées à l’exportation.

La pêche Continentale est pratiquée dans les fleuves, lacs et zones estuariennes, principalement dans les régions de Saint-Louis, Louga, et Sédhiou. En 2020, la production a atteint 14 001 tonnes. Cette activité est essentielle pour les communautés vivant près des plans d’eau intérieurs, où elle constitue une source importante de revenus et de nutrition.

L’aquaculture est une activité émergente au Sénégal, avec une production de 1 100 tonnes en 2020. Ce secteur se concentre principalement sur l’élevage de tilapias et de silures en eaux douces, ainsi que sur la crevetticulture en milieu marin. L’aquaculture est considérée comme une solution viable pour répondre à la demande croissante en produits halieutiques.

Emploi dans la filière halieutique

La filière halieutique est un secteur clé pour l’emploi au Sénégal, mobilisant environ 600 000 personnes directement ou indirectement. Ces emplois incluent des pêcheurs, des mareyeurs, des transformateurs et des commerçants. La transformation artisanale est dominée par les femmes, qui jouent un rôle crucial dans la valorisation des produits. Les activités de pêche soutiennent également des emplois indirects, tels que la construction de pirogues, la fabrication de filets et les services logistiques.

Lieux de production et de transformation

Les principales zones de pêche au Sénégal sont :

  • La Petite Côte : Regroupe des localités comme Mbour, Joal et Kayar, qui sont des centres de pêche artisanaux majeurs;
  • Saint-Louis et Guet-Ndar : Importants pour la pêche maritime, avec une forte communauté de pêcheurs Wolofs et Lébous;
  • Les îles du Saloum : Concentrent les activités des pêcheurs Sérères, spécialisés dans la pêche en milieu estuarien;
  • La Casamance : Notamment Ziguinchor et Kafountine, qui combinent pêche maritime et continentale.

En termes de transformation, les produits artisanaux sont traités dans des localités comme Joal, Kafountine et Bargny, tandis que les unités industrielles sont principalement concentrées autour de Dakar. Ces unités disposent d’installations pour le séchage, le fumage et la congélation.

Consommation et sécurité alimentaire

Le poisson constitue près de 70 % des apports en protéines animales au Sénégal, avec une consommation annuelle moyenne de 29 kg par habitant. Malgré cette contribution essentielle, les contraintes liées à la conservation et à la transformation réduisent l’accès équitable des populations aux produits halieutiques. En effet, les localités proches des côtes bénéficient d’un accès régulier aux poissons et autres produits de la mer frais (crevettes, calamars…), tandis que les zones plus enclavées ont surtout accès à du poisson séché ou fumé. La mise en place de complexes frigorifiques et l’amélioration des infrastructures de distribution pourraient renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et un accès plus équitable.

Exportations halieutiques

Selon l’ANSD, en 2020, les exportations de produits halieutiques se sont élevées à 363 942 tonnes, générant une valeur commerciale de 249,61 milliards de FCFA. Les principaux marchés sont africains (75 % des volumes échangés), mais les exportations vers l’Europe et l’Asie, incluant des produits à forte valeur ajoutée comme les céphalopodes, les conserves de poissons et les poissons frais, restent cruciales pour l’économie du secteur.

Adaptation aux changements climatiques

Aujourd’hui, la prise en compte de l’environnement et du changement climatique sont devenues cruciaux, en particulier dans la filière halieutique. La pollution des mers, les variations de température, la raréfaction des ressources et la sécheresse (entre autres) appauvrissent les mers et les cours d’eau. Des solutions sont mises en œuvre pour minimiser ces effets, mais elles doivent être renforcées :

  • Mise en œuvre de stratégies pour minimiser les impacts des changements climatiques sur les stocks halieutiques, notamment les petits pélagiques;
  • Sensibilisation des populations sur l’importance de préserver la propreté des mers et de pratiquer une pêche responsable et durable;
  • Formation sur l’aquaculture;
  • Développement de fermes aquacoles pour augmenter la production nationale de poissons;
  • Repeuplement des plans d’eau continentaux pour soutenir les communautés locales dépendantes de la pêche.

Contraintes de la filière

La filière halieutique sénégalaise fait face à plusieurs défis, dont le plus alarmant est la raréfaction de la ressource. En effet l’augmentation des besoins de consommation, la pêche illicite, le manque de régulation et les changements climatiques affectent grandement les stocks halieutiques. Il faut aussi noter le manque d’infrastructures et d’équipements, qui rende difficile la conservation des produits et détériore leur qualité. Les techniques de transformation artisanales rudimentaires et le non-respect des normes sanitaires limitent également le développement de la filière, notamment à l’international.

Atouts de la filière

Fort heureusement, malgré les nombreuses contraintes, la filière dispose d’atouts majeurs :

  • Côtes poissonneuses : Le Sénégal bénéficie d’une côte qui s’étend sur plus de 500 km. Les eaux sénégalaises abritent une biodiversité marine diversifiée, offrant un fort potentiel pour la pêche et l’aquaculture.
  • Position stratégique : La proximité du Sénégal avec les marchés européens, asiatiques et américains offre des opportunités pour les exportations.
  • Main-d’œuvre : La filière emploie environ 600 000 personnes, dont une majorité de femmes dans la transformation artisanale et de jeunes hommes pécheurs expérimentés et téméraires qui assurent le ravitaillement des marchés.

Aquaculture

Face aux défis, le Sénégal a adopté une stratégie de gestion durable des ressources halieutiques, axée sur le développement de l’aquaculture. En 2020, la production aquacole s’élevait à 1 100 tonnes, en hausse de 9 % par rapport à 2019, mais inférieure à l’objectif de 1 500 tonnes. L’aquaculture, notamment la rizipisciculture et l’élevage de crevettes, est vue comme une alternative pour améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pression sur les ressources marines.

Conclusion

Le poisson est une des meilleures sources de protéines pour l’homme et constitue la principale source de protéines animales au Sénégal, avec près de 70 % des apports. Cependant, malgré l’importance de cette filière pour le pays, notamment en termes d’emploi, elle est soumise à de nombreuses contraintes, entraînant la raréfaction des ressources, l’augmentation des prix des produits halieutiques et le désengagement des acteurs. Les opportunités offertes par la modernisation des équipements et des infrastructures, ainsi que par le développement de l’aquaculture, présentent des pistes prometteuses pour l’avenir. L’État prend également de plus en plus des mesures contre la surpêche et la pêche illicite.

Quelques liens utiles

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