Comment l’agriculture peut-elle répondre au besoin d’emploi des jeunes?
La crise migratoire du début des années 2000, qui a culminé en 2006 avec le départ massif de jeunes des côtes ouest-africaines, a révélé l’acuité de la question de l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne et des risques de déstabilisation qui peuvent en découler.
Au Sénégal, le phénomène a connu un écho particulier du fait de la détermination des jeunes à rejoindre l’Europe (« Barça ou Barsakh »), souvent avec la bénédiction de leurs parents. Pour juguler le phénomène, le gouvernement du Sénégal, avec l’appui financier de l’Espagne et de la France, avait proposé un Plan de retour vers l’agriculture (REVA).
En réalité, la crise migratoire n’est que le révélateur d’un problème plus délicat : chaque année, environ 300 000 nouveaux actifs arrivent sur le marché du travail alors que les structures économiques peinent à créer des opportunités d’emplois pouvant absorber ces flux. La population sénégalaise (13,5 millions d’habitants en 2013) est caractérisée par sa jeunesse, la moitié de la population étant âgée de moins de 18 ans, et un taux d’accroissement annuel moyen de 2,7 %, encore élevé.
Comme dans les autres pays d’Afrique, les réponses de l’Etat ont souvent consisté à créer des agences et des fonds de promotion de l’emploi des jeunes et à soutenir l’apprentissage. Partout, les résultats de ces initiatives ont été généralement décevants, mettant en exergue le décalage entre les stratégies proposées et la réalité des structures économiques. De plus, ces initiatives ont souvent peu pris en compte les besoins des jeunes ruraux, se concentrant davantage sur la situation des jeunes diplômés plus visibles et mieux organisés.
Récemment, de nouvelles orientations ont émergé, considérant l’agriculture comme la solution idéale. Au Sénégal, d’importants moyens financiers ont été déployés dans le cadre des projets de l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (ANIDA, ex Plan REVA) et du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC). Il reste à évaluer rigoureusement ces expériences, en particulier leur efficience et leur efficacité. En plus de comparer le niveau d’engagement financier avec le nombre d’emplois créés, il faudrait aussi interroger la viabilité et la durabilité de ces modèles. Le coût approximatif du PRODAC est de 100 milliards FCFA sur cinq ans.
Entre 2008 et 2010, l’Agence nationale du Plan de retour vers l’agriculture (AN-REVA), devenue l’ANIDA en 2012, a mobilisé 10,199 milliards FCFA, dont 7,156 milliards provenant des partenaires techniques et financiers et 3,043 milliards du budget de l’Etat. Le fonctionnement représente 15 % de ce financement. Le budget cumulé de 2011 et 2012 s’élève à 8,423 milliards. Au début de l’année 2016, le directeur général de l’ANIDA a indiqué que sa structure a réalisé, entre 2008 et 2015, 79 fermes villageoises et familiales dans lesquelles travaillent 10 000 jeunes agriculteurs sénégalais, pour un budget d’environ 17 milliards FCFA.
Conditions requises pour que l’agriculture absorbe une bonne partie des nouveaux actifs
La transformation structurelle de l’agriculture est une condition préalable pour accroître la productivité du travail et le niveau des revenus. Elle suppose des investissements conséquents dans la recherche, le conseil agricole, la mécanisation, la disponibilité d’intrants de qualité (semences et engrais), le bon fonctionnement des marchés d’intrants et de produits avec des incitations appropriées et un crédit adapté. Elle doit s’insérer dans une stratégie globale de développement des entreprises et des services le long des chaînes de valeur.
En développant un tissu de petites entreprises adossées à des chaînes de valeur porteuses, celles-ci vont constituer un réservoir d’emplois pour des jeunes formés. L’exemple de la filière du riz irrigué au Sénégal est assez illustratif. Dans la vallée du fleuve Sénégal, il existe 458 décortiqueuses privées qui transforment près de 77 % du riz paddy (c’est-à-dire un riz non décortiqué, qui a conservé sa balle) produit dans la vallée. En même temps, 28 rizeries ou mini-rizeries fonctionnelles proposent un riz de qualité, apprécié des consommateurs urbains. Une politique agricole et industrielle qui se préoccupe de création d’emplois devrait proposer des stratégies spécifiques d’appui à ces petites entreprises afin de les faire évoluer vers des standards de qualité et accompagner celles qui sont capables de grandir. Malheureusement, les options politiques sont souvent plus favorables à l’investissement privé étranger à grande échelle et ne sont pas forcément créatrices d’emplois.
Par ailleurs, le développement de la chaîne de valeur du riz irrigué, avec les investissements publics et privés dans les aménagements et la mécanisation, ouvre la voie à l’émergence de petites et moyennes entreprises de prestations de services et des métiers qui en découlent : services d’entretien et de maintenance, gestion, logistique, conduite d’engins… Une politique réfléchie de formation professionnelle ciblant les jeunes et intégrée à la politique agro-industrielle de développement de la chaîne de valeur permettra de réaliser un saut qualitatif durable.
On le voit, l’enjeu fondamental est de repérer les filières porteuses, d’y investir de façon massive et ciblée, en privilégiant la connexion des agricultures familiales au marché par le biais du développement de petites entreprises, en amont comme en aval de la production. Il est donc nécessaire de repenser la politique agricole, notamment son volet création d’emplois, en valorisant des initiatives qui connectent les systèmes de production et l’organisation sociale et qui puissent trouver leur rythme de croisière et se développer comme de véritables entrepreneurs agricoles.
Enfin, la politique foncière est un aspect fondamental à prendre en compte, dans la mesure où les jeunes rencontrent souvent de fortes contraintes d’accès à la ressource. Une étude récente de l’IPAR a montré que la croissance démographique et l’émiettement du patrimoine foncier dû à l’héritage freinent beaucoup de jeunes dans leur désir d’engager des activités agricoles lucratives. Pourtant, dans le delta du fleuve Sénégal, la mobilité relative du foncier par la location ou la vente de terres (transactions illicites au regard de la loi) facilite l’accès des jeunes au foncier, se traduisant ainsi par leur plus grande implication dans la production agricole. La Loi sur le domaine national interdit toute vente ou location de terres. En fait, sur les terres agricoles sous juridiction du domaine national, les producteurs n’ont qu’un droit d’usage et ne peuvent donc aliéner ces terres. Seul le conseil rural a la prérogative d’affecter ou de désaffecter les terres du domaine national. Cependant, dans la pratique, il existe de nombreuses transactions sur le foncier, surtout dans les zones où il y a une forte pression sur la terre.
Des opportunités à capter et à soutenir
Aujourd’hui le monde rural représente 55% de la population sénégalaise, mais la société s’urbanise progressivement. Cette tendance et les évolutions inéluctables qu’elle engendre (changement de modes de consommation, hausse du niveau de vie) constituent des opportunités intéressantes si cette demande économique est connectée à une offre agroalimentaire nationale et locale. Ainsi, une politique de décentralisation intelligente, qui appuierait le développement des villes secondaires, offrirait de nouveaux débouchés à une agriculture familiale de type commerciale, renforçant ainsi son rôle de pourvoyeur d’emplois viables et rémunérateurs pour les jeunes. Si l’Etat prenait la résolution de développer de nouveaux pôles régionaux, en dehors de Dakar, en les dotant d’infrastructures et de ressources et en leur permettant une gestion décentralisée de ces ressources, ces pôles secondaires constitueraient un débouché naturel pour une agriculture en transformation connectée au marché local. Outre les maillons aval des chaînes de valeur agricoles, les activités non agricoles peuvent constituer une source d’emplois non négligeable pour les jeunes. Dans la situation actuelle, la plupart des villes secondaires sont dépourvues de tout et ne peuvent offrir aucune alternative aux jeunes, obligés de partir à Dakar ou en Europe.
Qu’en pensez vous? Selon vous, que pouvons nous faire pour réduire le chômage? Quel est le rôle de l’agriculture? Laissez vos commentaires.
Vous pouvez également en discuter sur le site de FARM (Fondation pour l’Agriculture et la Ruralité dans le Monde)
Je ve travailler l’agriculture coma fair
Bonjour je voulais me lancer dans l’agriculture mais j’ai pas de terre et je voudrais de l’aide ou des partenaires d’affaires
Salut je suis vraiment intérssent par l’agriculture au Sénégal je voulait me lancer en toute sincérité dans l’Agro alimentaire. J’aimerais savoir quelle sont les procédure a suivre pour arrivé a objectif .merci
je suis un A2 en agronomie
félicitations déja à ceux qui ont oeuvrer pour cette plateforme d’échange! nous l’avons tous compris depuis l’aube du temps que l’agriculture reste le pilier fondamentale pour les maux qui mine nos sociétés et retarde le développement de nos pays en général africains. Mme diouf parle de l’éducation à la base et c’est pertinent car il faut vraiment connaitre et comprendre les fondements et impact de l’agriculture pour pouvoir hisser ses voiles dans le domaine. Mme Diarr en comprenant bien les tenants et aboutissants de l’agriculture je pense que la tendance tournera dans ton sens et j’ajoutterai surtout qu’on surveille le comportement des consommateurs locaux pour toujours éveiller leur intéret pour les produits. par dessus tout une agriculture a l’échelle continentale serait une option envisageable pour unir toute les forces des pays africains afin de s’en sortir au mieux et c’est le model d’agriculture que propose AGORA malheureusement qui entend parler d’une agriculture a l’échelle continentale or voyez comment ces pays développés ont su se positionner par de tel model.
L’agriculture est un pilier sûr de notre développement. Retournons tous à nos terres !
Pour moi l’étape primordial c’est de faciliter l’accès aux financements et la terre.
En t’en que jeune j’ai toujours rêvé qu’un jour je serais un grand agriculteur et un éleveur ou opérateur économiques
Mais vraiment l’accès n’est pas du tout facile
Si nous voulons réduire le chômage des jeunes dans notre pays il y a plusieurs façon de le faire qui ce groupe autour d un seul mot qui est » l agriculture ». L agriculture est un mot vaste qui groupe plusieurs secteurs d activités.
– Attirer les jeunes vers l agriculture ou comment attirer la jeunesse sénégalaise vers cette vocation ?
– expliquer aux jeunes l impacte de l agriculture dans un pays et l impacte de l agriculture pour la personne lui-même.
-mettre en place une politique agraire forte et ambitieuse qui s appellera » la révolution verte » qui nécessite la formation pratique et la mécanisation
-les collèges, les lycées, le primaire installations des potagers ou des jardins maraichers à l enceinte des écoles
– construire des école de formation agricole pratique moderne ( sou serre…)
-construire une école de formation dédiées aux métiers de tractoristes
– diversifié le secteur agricole : pisciculture-maraichage-arboriculture- sylviculture -apiculture – élevage de caprin et ovin- aviculture ( œuf et poulet de chair )
-ouverture d usine d engrais naturel issus des animaux d élevage
-Le secteur de la transformation des produits locaux et l innovation est nécessaire
-avoir des agents sur le terrain périodiquement
-mettre en place la journée de l agriculture dans les établissements scolaire sénégalais
-une bonne organisation des fédérations de légume et fruits …
-une subvention et apprendre aux paysans traditionnelles les nouvelles techniques agricole, de tenir un cahier de charge , avoir une entreprise moderne . Le paysan deviendra un gestionnaire agricole avec un l appuie et suivi étatique de cinq ans .
– Construire une assemblée nationale pour les agriculteurs du Sénégal .chaque régions du Sénégal sera représenté par un producteur
L’agriculture peut bien répondre aux problèmes de chômage des jeunes en développant tous ses maillons.
Je m’explique, il faudrait former une partie pour produire, une autre pour la commercialisation et la distribution. Un autre groupe pour la transformation etc.
Ce qui arrive généralement chez nous, c’est tout le monde veut tout faire, donc on devient inefficace. Car on ne peut pas devenir un bon producteur et un bon commerçant en même temps. On sera souvent obligé de brader notre production. En séparant les maillons, bcp de jeunes seront utilisés.