Les filières
La filière arachide
Présentation de la filière
Arachide
Système de production
L’arachide (Arachis hypogaea L., Fabaceae) est une plante légumineuse originaire d’Amérique Latine. Du Cap Vert au Cayor, puis du Saloum à la Casamance, la production de l’arachide a été le mobile primordial de l’expansion des terroirs (Pelissier, 1966).
Depuis le début des années 90, on assiste à une véritable crise dans la filière. L’arachide connaît non seulement une tendance baissière sur les superficies emblavées, et donc sur la production, mais aussi sur les rendements, entraînant ainsi une réduction progressive des réserves semencières et une forte chute de l’approvisionnement des unités industrielles (SCA ). La production est passée d’un niveau record de 1 434 147 tonnes en 1976 à 260 723 tonnes en 2002/2003 (ISRA, BAME, 2013).
Dégradation des sols et baisse de la pluviométrie
La dégradation des surfaces de production et la dépendance à l’égard d’une pluviométrie capricieuse en sont parmi les causes majeures. Cette tendance à la baisse se maintient jusqu’en 2007. Entre 2007 et 2010, la production d’arachide d’huilerie a presque quadruplé passant 331 195 à 1 286 855 tonnes grâce à l’extension des superficies emblavées pour la culture de l’arachide d’huilerie, mais sans amélioration des rendements (607 195 à 1 195 573 hectares). Mais la campagne 2011-2012, est marquée par une forte baisse de la production (59 % par rapport à l’année précédente et 24 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années) suite à une mauvaise répartition et à l’arrêt précoce des pluies (Amouzou et al., 2012, Kandioura Noba et al, 2013).
L’arachide est restée une culture vivrière, jouant un rôle important dans l’alimentation des ménages producteurs puisqu’on estime selon les années que seulement 16 à 30 % de la production est commercialisée.
Acteurs et circuits de commercialisation
Les producteurs sont regroupés autour d’organisations (OP) chargé de la défense de leurs intérêts.
Les fournisseurs d’intrants, notamment de semences : l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) qui assure la mise ne au point de variétés adaptées aux sols, aux climats et aux débouchés (Ba et al, 2005), et l’Union nationale interprofessionnelle des semences (UNIS), regroupant les producteurs de semences privés agréés.
Les organisations et entreprises de collecte qui opérent dans le cadre du système ? carreaux-usine ? mise en place après la suppression de la Sonagraines. Il s’agit pour l’industrie Suneor (ex. Sonacos) de ne plus s’impliquer en amont dans le processus de collecte. Il agrée des opérateurs qui, normalement, recherchent directement leur financement auprès du système bancaire, mènent leurs opérations et livrent directement à l’usine.
Les transformateurs : ateliers artisanaux de broyage pour la pâte et de pressage, activités artisanales de grillage des arachides, petits ateliers, industries de transformation (huile et arachide de bouche) dont Suneor.
Les commerçants (bana-bana) opèrent de façon informelle à travers les marchés hebdomadaires ou Louma et collectent des graines bord champ à des prix fluctuants, tenant compte de la réalité du marché local, sous régional et du prix fixé par les partenaires en accord avec l’État. Les commerçants assurent la conservation et le décorticage des graines qui sont ensuite vendues dans les marchés traditionnels ou dans les pays limitrophes à des prix largement plus élevés que les prix d’achat au producteur (Faye, 2012)
A la liste de ces acteurs, il faut joindre, enfin, l’Etat qui a joué un rôle crucial dans l’historique dans la filière (cf. institutions et politiques).
La filière arachide au Sénégal
Systèmes de transformation
Les sous-produits comme les fanes et les tourteaux d’arachide sont utilisées, depuis longtemps, par les populations sénégalaises, rurales en particulier, pour l’embouche ovine à l’échelle familiale (Kandioura Noba et al, 2013) et aussi pour l’alimentation des vaches laitières.
Transformation industrielle
La transformation industrielle de l’arachide est principalement assuré par Suneor (ex. Sonacos) qui a traité en 2007 environ 150 000 tonnes d’arachide pour la production d’huile brute d’arachide, exportée dans sa presque totalité. Parallèlement, la Suneor importe de l’huile végétale brute – de soja ou de colza –, meilleur marché et la raffine pour les besoins du marché local » (Ubifrance 2009). Les autres industries sont la Novasen qui vend de l’huile brute et des tourteaux d’arachide à l’exportation (régime d’entreprise franche d’exportation) et le Complexe Agroindustrielle de Touba (CAI Touba) qui possède une unité de raffinage et d’une unité de fabrications d’aliments pour le bétail.
Ateliers de prestation de services
La transformation artisanale est réalisée le plus souvent en prestation de service dans des petits ateliers artisanaux pour la production de pâte et d’huile d’arachide commercialisés dans les villes secondaires et les marchés ruraux. Toutefois, la présence d’aflatoxine et l’absence de techniques de décontamination accessibles aux artisans entourent la transformation artisanale et ses produits de préoccupations légitimes de santé publique (Kandioura Noba et al, 2013).
Développement de la transformation à petite échelle
La production de l’huile brute a longtemps été combattue par les autorités administratives en mettant en avant les problèmes d’hygiène mais cette interdiction selon la Fongs (Fédération des ONG du Sénégal) avait aussi pour objectif de sécuriser et de protéger la production industrielle, le transfert de stocks d’une région à une autre et leur vente dans les marchés hebdomadaires étant formellement interdits. La pratique de la transformation a pris de l’ampleur avec la libéralisation de la filière agricole et les hausses continues des prix de l’huile raffinée importée.
On note le développement d’activités collectives ou individuelles artisanales menées le plus souvent par des femmes. On peut citer à titre d’exemple les membres des commissions féminines de l’entente des groupements associés de Birkilane (EGABI) et de l’association pour le développement agricole de Kaolack (ADAK) dans le bassin arachidier, au sein de la FONGS.
Les deux associations utilisent les groupements comme porte d’entrée pour atteindre et soutenir les activités individuelles des femmes. Par exemple, elles octroient des crédits aux organisations villageoises qui, à leur tour, rétrocèdent les prêts aux femmes membres. Ces organisations considèrent que les activités de transformation et de commercialisation des produits agricoles donnent aux femmes la possibilité de jouer un rôle économique en zone de terroir, leur action contribue à dynamiser et à réguler aussi fortement les marchés locaux.
L’augmentation de la demande en huile brute en zone rurale et dans les centres urbains, comme Mbour et Dakar, a donné une impulsion nouvelle à la transformation artisanale de l’arachide. La production de l’huile est passée de simple activité d’appoint au statut d’activité économique formelle. La transformation de l’arachide en huile brute et pâte est une activité individuelle des femmes, parfois aidée par leurs enfants. Les hommes n’interviennent que dans le décorticage mécanique des arachides, et dans la commercialisation de l’huile. Le décorticage manuel de l’arachide est fait au sein des ménages par les femmes et les enfants.
Pour répondre à la demande croissante, des opératrices ont renforcé leur capacité d’intervention, soit par renouvellement du parc matériel, avec acquisition de nouvelles presses, soit en augmentant le volume de main-d’oeuvre, y compris extra familiale.
Avec l’essor du sous-secteur et l’augmentation de la production, les femmes ont commencé à étendre leur activité et investir le segment du décorticage mécanique. Leur intervention devient plus intégrée, ce qui leur permet de disposer de revenus supplémentaires et de faire des économies d’échelle. Cette démarche nouvelle leur offre la possibilité aussi de récupérer la coque d’arachide revendue comme aliment de bétail.
Un appui est fourni à ces femmes transformatrices dans le cadre du projet d’appui aux activités économiques des femmes (PAPEF) mené par la Fongs et le Gret sur financement de l’union européenne. Le diagnostic réalisé avec EGABI et ADAK ont permis d’identifier trois types d’unités
- Les petites exploitations qui traitent en moyenne 200 kg par semaine. La production est destinée en priorité à couvrir les besoins du ménage ; une bonne partie de la production d’huile et de pâte d’arachide est autoconsommée.
- Les exploitations moyennes : elles traitent jusqu’à 350 kg d’arachide coque par semaine, soit 14 tonnes coque ou 9.4 tonnes de graines dans l’année. La production est commercialisée.
- Les grandes exploitations : elles traitent en moyenne 2000 kg par semaine ; avec des pics à 5000 kg pour certaines.
L’activité de transformation est presque continue sur l’année. Les unités disposent de 2 à 3 presses et utilisent de la main d’oeuvre extra familiale en appoint à la main d’œuvre familiale. Le nombre de grandes exploitations augmente de manière régulière, en raison de l’augmentation de la demande. Ces unités souhaitent se moderniser, certaines ont réhabilité les presses, d’autres utilisent des presses d’origine chinoise ou indienne.
Consommation et marché
Les sous-produits comme les fanes et les tourteaux d’arachide sont utilisées, depuis longtemps, par les populations sénégalaises, rurales en particulier, pour l’embouche ovine à l’échelle familiale (Kandioura Noba et al, 2013) et aussi pour l’alimentation des vaches laitières.
Transformation industrielle
La transformation industrielle de l’arachide est principalement assuré par Suneor (ex. Sonacos) qui a traité en 2007 environ 150 000 tonnes d’arachide pour la production d’huile brute d’arachide, exportée dans sa presque totalité. Parallèlement, la Suneor importe de l’huile végétale brute – de soja ou de colza –, meilleur marché et la raffine pour les besoins du marché local » (Ubifrance 2009). Les autres industries sont la Novasen qui vend de l’huile brute et des tourteaux d’arachide à l’exportation (régime d’entreprise franche d’exportation) et le Complexe Agroindustrielle de Touba (CAI Touba) qui possède une unité de raffinage et d’une unité de fabrications d’aliments pour le bétail.
Ateliers de prestation de services
La transformation artisanale est réalisée le plus souvent en prestation de service dans des petits ateliers artisanaux pour la production de pâte et d’huile d’arachide commercialisés dans les villes secondaires et les marchés ruraux. Toutefois, la présence d’aflatoxine et l’absence de techniques de décontamination accessibles aux artisans entourent la transformation artisanale et ses produits de préoccupations légitimes de santé publique (Kandioura Noba et al, 2013).
Développement de la transformation à petite échelle
La production de l’huile brute a longtemps été combattue par les autorités administratives en mettant en avant les problèmes d’hygiène mais cette interdiction selon la Fongs (Fédération des ONG du Sénégal) avait aussi pour objectif de sécuriser et de protéger la production industrielle, le transfert de stocks d’une région à une autre et leur vente dans les marchés hebdomadaires étant formellement interdits. La pratique de la transformation a pris de l’ampleur avec la libéralisation de la filière agricole et les hausses continues des prix de l’huile raffinée importée.
On note le développement d’activités collectives ou individuelles artisanales menées le plus souvent par des femmes. On peut citer à titre d’exemple les membres des commissions féminines de l’entente des groupements associés de Birkilane (EGABI) et de l’association pour le développement agricole de Kaolack (ADAK) dans le bassin arachidier, au sein de la FONGS.
Les deux associations utilisent les groupements comme porte d’entrée pour atteindre et soutenir les activités individuelles des femmes. Par exemple, elles octroient des crédits aux organisations villageoises qui, à leur tour, rétrocèdent les prêts aux femmes membres. Ces organisations considèrent que les activités de transformation et de commercialisation des produits agricoles donnent aux femmes la possibilité de jouer un rôle économique en zone de terroir, leur action contribue à dynamiser et à réguler aussi fortement les marchés locaux.
L’augmentation de la demande en huile brute en zone rurale et dans les centres urbains, comme Mbour et Dakar, a donné une impulsion nouvelle à la transformation artisanale de l’arachide. La production de l’huile est passée de simple activité d’appoint au statut d’activité économique formelle. La transformation de l’arachide en huile brute et pâte est une activité individuelle des femmes, parfois aidée par leurs enfants. Les hommes n’interviennent que dans le décorticage mécanique des arachides, et dans la commercialisation de l’huile. Le décorticage manuel de l’arachide est fait au sein des ménages par les femmes et les enfants.
Pour répondre à la demande croissante, des opératrices ont renforcé leur capacité d’intervention, soit par renouvellement du parc matériel, avec acquisition de nouvelles presses, soit en augmentant le volume de main-d’oeuvre, y compris extra familiale.
Avec l’essor du sous-secteur et l’augmentation de la production, les femmes ont commencé à étendre leur activité et investir le segment du décorticage mécanique. Leur intervention devient plus intégrée, ce qui leur permet de disposer de revenus supplémentaires et de faire des économies d’échelle. Cette démarche nouvelle leur offre la possibilité aussi de récupérer la coque d’arachide revendue comme aliment de bétail.
Un appui est fourni à ces femmes transformatrices dans le cadre du projet d’appui aux activités économiques des femmes (PAPEF) mené par la Fongs et le Gret sur financement de l’union européenne. Le diagnostic réalisé avec EGABI et ADAK ont permis d’identifier trois types d’unités
- Les petites exploitations qui traitent en moyenne 200 kg par semaine. La production est destinée en priorité à couvrir les besoins du ménage ; une bonne partie de la production d’huile et de pâte d’arachide est autoconsommée.
- Les exploitations moyennes : elles traitent jusqu’à 350 kg d’arachide coque par semaine, soit 14 tonnes coque ou 9.4 tonnes de graines dans l’année. La production est commercialisée.
- Les grandes exploitations : elles traitent en moyenne 2000 kg par semaine ; avec des pics à 5000 kg pour certaines.
L’activité de transformation est presque continue sur l’année. Les unités disposent de 2 à 3 presses et utilisent de la main d’oeuvre extra familiale en appoint à la main d’œuvre familiale. Le nombre de grandes exploitations augmente de manière régulière, en raison de l’augmentation de la demande. Ces unités souhaitent se moderniser, certaines ont réhabilité les presses, d’autres utilisent des presses d’origine chinoise ou indienne.
Contraintes et opportunités
Depuis une quinzaine d’années, la filière traverse une crise profonde, qui est déterminée à la fois par les contraintes générales du secteur agricole, par la chute des cours et de la demande au niveau mondial, et par un retrait précipité de l’Etat qui a complètement désorganisé la filière. Les organisations de producteurs n’ont pas été préparées à prendre la relève et ne sont pas parvenues à offrir une alternative aux circuits des collecteurs-transporteurs privés, qui sont défavorables aux producteurs.
La tendance à la baisse de la pluviométrie et la diminution de la fertilité ont entraîné une régression sensible des rendements des cultures dans le bassin arachidier. Jadis entièrement cultivé, le nord de la région se transforme progressivement en zone d’élevage extensif, tandis que le sud fait l’objet d’activités agricoles de moins en moins rémunératrices (notamment arachide).
La baisse des revenus des exploitations familiales a diminué le niveau d’équipements et l’utilisation d’intrants, ce qui a d’autant plus limité leur capacité à sortir de la pauvreté, que la main-d’?uvre familiale tend à baisser. La zone nord est plus particulièrement concernée par l’exode rural des jeunes (vers les villes, notamment Dakar, et l’émigration) et des hommes adultes durant une partie de l’année. Si ces mouvements de population ont en partie permis de pallier la diminution des revenus agricoles, ils n’ont induit aucun processus de transformation dans les systèmes de production dans le bassin arachidier. L’arachide reste encore la principale culture mais les perspectives de la filière industrielle d’exportation sont limitées en raison de la concurrence d’huiles végétales souvent moins chères sur le marché intérieur([Huiles végétales brutes, notamment de soja, importées et raffinées par Suneor dont l’activité est ? protégée ? par l’Etat par des taux de taxes différenciées (droit de douanes de 10 % pour les huiles brutes contre 20 % pour les huiles raffinées aux quelles est également appliquée une taxe de sauvegarde de 25 % et un dispositif de valeur indicative ))] et surtout de la baisse de la compétitivité de l’arachide imputable en grande partie au manque de disponibilité en semences et intrants, à la faible organisation des producteurs ainsi qu’à la vétusté des équipements industriels et à leur sous-utilisation.
La concurrence de la Chine cause aussi de grands contraintes depuis quelques années. La Chine s’est positionnée comme un grand importateur de graines depuis 2014. Les chinois proposent d’acheter les graines d’arachide à un prix plus élevé que celui pratiqué sur le marché sénégalais. Les producteurs, évidemment intéressés vendent alors leur production au détriment des industriels locaux, qui pourtant auront grandement contribué à la production grâce aux prêts, aux semences, au conseil aux producteurs…. Ces derniers, ont souvent des difficultés à s’aligner sur ces prix et se retrouvent dans l’incapacité à s’approvisionner en arachide en quantité suffisante. Ce phénomène s’est accentué en 2016 alors que la récolte chinoise d’arachide avait été mauvaise. Résultat, les huileries locales se sont arrêtées de tourner faute de graines : Sunéor n’a pu collecté aucune tonne et les industriels tels que Copéol, WAO et CIAT n’ont fait guère mieux perdant ainsi plusieurs millions de FCFA. En savoir plus ici
Perspectives
L’arachide de bouche offre des ouvertures intéressantes, avec un marché international qui a augmenté de façon considérable entre les années 80 et 90 avec pour exemple le marché européen qui est passé de 240 000 tonnes à 950 000 tonnes (base coque). Cependant les conditions de production et les exigences du marché (normes aflatoxines) rendent ce marché très difficile à percer pour la production sénégalaise.
Les actions engagées par les OP avec l’appui des partenaires financiers (Fida, UE, Banque mondiale), notamment en appui à la production de semences et à la commercialisation, permettent d’envisager des améliorations des conditions de production et des revenus des producteurs d’arachide. Le développement d’activités de transformation artisanale offre de nouvelles opportunités de revenus et d’alimentation du marché des villes proches et des villages dans les zones de production et nécessite des appuis sur la gestion financière, la qualité, la commercialisation.
Les exploitations familiales cherchent en parallèle à diversifier leurs productions (et donc leurs revenus) en répondant en demande croissante des ménages urbains, des restaurants, réceptifs touristiques de céréales (mil, sorgho, maïs), légumes, fruits (produits frais ou transformés) ou poulet. D’autres spéculations, encore marginales mais bien adaptées aux conditions agroécologiques du bassin arachidier, offrent des débouchés intéressants à l’exportation (marchés conventionnels, et marchés de niche liés aux filières de l’agriculture biologique et du commerce équitable) : par exemple le sésame, la poudre de bouy (ou pain de singe, fruit du baobab) ou l’anacarde (noix de cajou).