Les filières
La filière fruits et légumes
Présentation de la filière
Fruits et légumes
La filière des fruits et légumes occupe une place stratégique dans l’agriculture sénégalaise, tant pour l’approvisionnement du marché local que pour les opportunités d’exportation. Grâce à des conditions climatiques favorables et une diversité de productions, la filière connaît un développement progressif, porté par une demande croissante et des initiatives d’acteurs publics et privés.
Cependant, plusieurs défis freinent son essor, notamment en matière de conservation, de logistique et d’accès aux marchés. La transformation des fruits et légumes représente une solution clé pour améliorer la valeur ajoutée du secteur, réduire les pertes post-récolte et dynamiser l’industrie agroalimentaire locale. Entre opportunités d’investissement et nécessité d’adaptation aux exigences du marché, la filière se positionne comme un levier essentiel pour le développement agricole et économique du pays. De plus le pays bénéficie d’une bonne infrastructure portuaire à Dakar, le port d’Afrique de l’Ouest est le plus proche d’Europe et permet d’envisager le développement des exportations. Ces atouts majeurs ont conduit le gouvernement sénégalais à mettre en place une politique de développement spécifique de la filière horticole, qui se traduit par la création d’une Direction de l’horticulture au sein du ministère de l’agriculture.
La production de fruits et légumes
Les zones de production
La production horticole sénégalaise est diversifiée et répartie sur plusieurs zones agroécologiques. Parmi les principales régions productrices, la zone des Niayes, s’étendant de Dakar à Saint-Louis, se distingue en contribuant à plus de 60 % des récoltes nationales de légumes. Cette région est réputée pour la culture de l’oignon, de la pomme de terre, de la carotte et du chou. Les régions de Thiès et Dakar, quant à elles, représentent environ 10 à 15 % de la production fruitière nationale, avec une spécialisation dans les agrumes et les mangues. En Casamance, notamment dans les régions de Ziguinchor et Kolda, la production est dominée par la banane, les agrumes, la mangue, l’orange, la mandarine, la papaye, le citron et la goyave.
La production maraichère
Le Sénégal produit de nombreux types légumes des régions dites tempérées (chou, laitue, tomate, aubergine, haricot, melon, carottes, navet, pomme de terre, oignon, etc.) et de régions chaudes (oseille de Guinée, gombo, aubergine amère, la patate douce, manioc etc.). L’étalement réussi de la production dans l’espace et dans le temps fait de la sous filière maraîchère une des composantes les plus porteuses et les plus dynamiques du secteur horticole.
L’essentiel des productions légumières provient des exploitations familiales, notamment en ce qui concerne les zones des Niayes (centre et nord), le bassin arachidier et la région naturelle de la Casamance. Il s’agit de petites exploitations où l’irrigation représente la principale occupation de la main d’œuvre et dans lesquelles le producteur est souvent confronté aux difficultés de financement de la production, de la qualité des intrants et de la conservation des produits récoltés.
La production fruitière
L’offre en fruits est constituée d’espèces de zone tempérée (agrumes) et surtout de fruits dits tropicaux : mangue, banane, ananas, papaye, etc. Les fruits sont essentiellement destinés au marché local, mais occupent de plus en plus la place dans les exportations avec un créneau de production très favorable pour la mangue (mai-juillet).
Les produits de cueillette occupent également une place de choix dans le commerce et la consommation des produits classés dans « fruits et légumes ». Ces produits de la cueillette très variés, sont récoltés généralement dans les forêts casamançaises et du Sénégal oriental (même si certaines espèces sont présentes un peu partout sur le territoire national): tamarin, pain de singe (fruits du baobab), madd, jujube, ditakh, etc.
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Les exportations
En outre, le Sénégal a su développer une filière d’exportation dynamique pour certains fruits et légumes, répondant aux normes internationales de qualité. Les principaux produits exportés incluent les haricots verts, la tomate cerise, la mangue et le melon. Ces cultures sont principalement destinées aux marchés européens et bénéficient d’une demande croissante. La diversification des produits exportés est également en cours, avec l’introduction de nouvelles variétés pour répondre aux exigences des consommateurs internationaux. Les zones de production dédiées à l’exportation sont souvent équipées d’infrastructures modernes et bénéficient de programmes de formation pour les producteurs, afin de garantir la conformité aux standards internationaux.
Importations
Les importations de fruits concernent les agrumes, pommes, poires, raisin, dattes, orange… de l’Europe, de l’Afrique du Sud et du Maroc et les fruits tropicaux tels les ananas, les noix de coco, les mangues, les bananes de Guinée et de Côte d’Ivoire.
La transformation des fruits et légumes
La transformation locale des légumes, à l’exception de la tomate reste très faible au niveau industriel comme artisanal (production de tomate séchée, d’oignon séché, de gombo séché ou de piment séché et en poudre). Certaines unités de transformation mettent sur le marché de la macédoine de légumes et des chips de pomme de terre. Mais le marché des légumes reste fortement dominé par la demande de produits frais.
La transformation des fruits est par contre relativement importante (bissap, mangue, ananas, orange, gingembre, tamarin et pain de singe). Les pertes post récolte constatées en fruits ont en effet poussé l’Etat, les ONG à appuyer les activités de transformation.
La gamme de produits transformés est large avec, entre autres, des boissons traditionnelles, les sirops, les confitures, conserve en bocaux, les jus en sachets et les fruits séchés (mangues, bissap, gingembre, goyave, papaye,…). Ces produits locaux conditionnés en sachets, bocaux, bouteilles, sont produits par des unités de transformation (industrielle et artisanales).
De nombreuses micro et petites entreprises artisanales
Il existe de très nombreuses micro-entreprises artisanales (activités individuelles) de fabrication des boissons traditionnelles vendues dans des sachets noués et en bouteille de récupération pour les cérémonies, les marchés ou les arrêts de cars de transports en commun. Menée par des femmes aux revenus très faibles, l’activité constitue un complément aux ressources familiales ou un moyen pour les jeunes filles d’acquérir une autonomie financière.
Des petites entreprises (dont une partie communautaires) ont vu le jour depuis une vingtaine d’années et se sont développées. Il s’agit de structures formelles mais de niveau très disparate. Les groupements de femmes sont encore présents mais avec une production plus organisée et des équipements plus adéquats que les précédents.
Il en est de même des GIE souvent d’obédience familiale qui font du volet transformation des fruits et légumes une branche de leurs activités. Le souci de s’inscrire dans le respect des normes d’hygiène et de commerce est bien visible avec les informations sur les étiquettes. Ici l’esprit d’entreprise est plus développé et les formations reçues sont mieux valorisées. C’est ainsi que certaines de ces entreprises développent des marques avec des options commerciales très remarquables : promotion locale et recherche de débouchés extérieurs. Ces entreprises formelles, qui sont quasi semi-industrielles, se sont beaucoup développées ces dernières années en créer des marques fortes et reconnues, avec une plus grande présence dans les supermarchés.
Un secteur industriel qui valorise peu la production nationale
Le secteur industriel peut être abordé à travers l’offre industrielle en boissons qui est variée au Sénégal : jus de fruits à base de concentrés et de boissons aromatisées. Globalement le secteur industriel valorise peu les intrants locaux.
Parmi les produits industriels locaux, on trouve les boissons gazeuses (généralement à base d’ingrédients chimiques), les jus de fruits à base de concentrés ou divers intrants importés et dans de rares cas de concentrés fabriqués localement, des sirops et confitures de bissap (fleurs), mangue, ananas, orange…
La commercialisation et la distribution
La commercialisation met en jeu beaucoup d’opérateurs, du champ du producteur à l’étal du détaillant. L’essentiel des récoltes est géré par les commerçants ramasseurs, les bana-banas, qui fournissent à leur tour aux dépositaires des marchés, agents commissionnaires, auprès de qui viennent s’approvisionner les revendeurs.
Les ventes sont réalisées au comptant ou à terme, selon la situation du marché (rapport offre sur demande, diversité et possibilité de substitution). Les magasins libre-service ainsi que la plupart des boutiques de quartier et étal sur les trottoirs intègrent ces circuits commerciaux et jouent un rôle non négligeable dans la satisfaction de la clientèle.
Pour les produits d’exportation, des contrats tacites sont établis entre producteurs (exploitation familiales et grands périmètres) et exportateurs. Après les opérations de conditionnement et d’emballage, le produit est expédié par avion ou par bateau à l’importateur européen partenaire pour son écoulement en vente avec commission. Dans la sous région les échanges sont encore informels malgré leur niveau très élevé : en exemple les exportations sur la république islamique de Mauritanie, les transactions au marché de Diaobé où au moins quatre pays sont présents en plus du Sénégal.
Des circuits de distribution courts pour les produits transformés artisanaux
Les produits locaux et artisanaux sont généralement fabriqués soit sur commande (cérémonies familiales) soit pour des ventes de proximité, devant le domicile, aux abords des marchés, dans les stades et autres places publiques par des membres de la famille ou plus rarement des vendeurs payés à la commission. Cette forme de vente des boissons traditionnelles est très répandue à travers tout le pays.
On retrouve ces produits enfouis dans des glacières et conditionnés dans des sachets noués ordinaires de faible épaisseur et de bouteilles de liquide de frein pour automobile dans les loumas (marchés ruraux hebdomadaires) des localités les plus éloignées.
Les femmes restauratrices fabriquent elles-mêmes leurs produits, les boissons sont vendues directement aux clients à table. Cependant en raison de la reconnaissance qu’elles ont pu acquérir dans le milieu, elles sont souvent sollicitées pour réaliser des commandes externes. Ces produits sont donc exclusivement réservés à des circuits bien distincts et limités. Si le niveau prix semble être la principale force de pénétration dans ce marché, les conditions de fabrication et l’absence de moyens de conservation sont des limites pour tout allongement de ces circuits de vente. Pour ces mêmes raisons ces produits ne peuvent également intégrer les circuits des grands produits et le commerce général avec ses différents maillons.
Des circuits plus longs pour les produits industriels et semi industriels
Les produits industriels fabriqués localement ou importés se retrouvent sont commercialisés par les grossistes qui revendent à des épiceries et boutiques de quartier.
Quant aux produits semi industriels, ils retrouvent les produits industriels directement au niveau des rayons des supérettes, du commerce de détail et de la restauration. En effet ces produits intéressent peu les grossistes en du faible volume de production.
Les produits industriels importés comme dans beaucoup d’autres secteurs sont les plus répandus et de présence plus constante dans l’ensemble des circuits de commercialisation. De Dakar, ils sont acheminés dans tous les autres centres urbains du pays et les zones et sites d’implantation des complexes hôteliers et touristiques.
Les contraintes de développement
Au regard des pertes de production (mangue surtout), des potentialités de production, d’exportation de produits typiquement sénégalais (mangue, tamarin, le pain de singe, bissap, mad, tol, etc.) et de substitution aux importations (boissons, confitures), la filière comporte un grand potentiel de développement. Elle est cependant confrontée à plusieurs contraintes :
- La périssabilité des matières premières, d’où la nécessité d’un traitement rapide au risque d’importantes pertes sur les récoltes qui peuvent jouer sur la qualité et les prix.
- Leur fragilité, et les risques de détérioration de la qualité lors des manipulations.
- Leur saisonnalité, avec une alternance de saturation et pénurie de produits : il s’en suit des variations importantes des cours et des difficultés d’approvisionnement à certaines périodes pour les entreprises de transformation.
- Les aléas climatiques entraînant surproduction ou sous production avec un impact sur le niveau des prix surtout pour les mangues et tomates.
- L’éloignement des sites de production des centres de consommation : favorise la détérioration de la qualité et renchérit les prix.
- Le manque d’équipements adaptés à l’échelle de production semi industrielle ainsi que des problèmes d’emballage pour les produits artisanaux.
Pour aller plus loin consultez un document sur l’état des lieux de la filière fruits et légumes au Sénégal
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